Pobre Negro
Dernière née d'une famille de la bourgeoisie madrilène, Adri n'entre pas dans le moule. Aux convenances et aux hypocrisies des adultes, ces "Géants" qui ne la comprennent pas, elle préfère un monde onirique où les licornes sortent des tableaux pour galoper dans la neige, où les hautes armoires sont autant de villes à explorer.
Rêveuse et décalée, la petite fille fuit le silence et lesnon-dits de ses parents pour trouver refuge dans la cuisine, coeur de l'appartement, où officient les douces Maria et Isabel. Là, elle sait se rendre invisible pour partager les secrets qui régissent le monde des Géants.
Quand elle fait la connaissance du "fils de la ballerine", sa vie va changer. Gavrila, jeune, beau et russe, va enchanter la vie solitaire d'Adri. Jeux et lectures, confidences etrêves, joies et peines, ils vont tout partager et s'aimer passionnément jusqu'au drame qui va les séparer...
Ce livre plein de tendresse et de poésie est un hymne au monde de l'enfance. On ne peut qu'être touché par une Adri sensible mais volontaire et un Gavrila triste ou joyeux, véritable concentré de l'âme russe. La beauté des mots, l'univers magique m'ont bercée tout au long de ma lecture etj'ai refermé le livre avec un sentiment de perte. Il était si tentant de rester avec Adri dans un monde imaginaire où les soucis et les malheurs de la vie quotidienne passent, au loin, à pas feutrés.
Une belle découverte et un coup de coeur pour moi.
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*Par Delivresetdeaufraiche le 22/02/2011
« Un jour, quand tu seras grande, tu comprendras... »
Manifestement très douée, la petite Adriana vit dans une famille madrilène bourgeoise déchirée, où l'on ne se touche ni ne se parle. Petite dernière, « arrivée si tard », comme le dit sa mère, Adri déboussole ses parents, qui l'aiment, certes, mais ne parviennent pas à la comprendre, s'interrogeant tantet plus sur cette enfant si différente, qui ne parle pas mais qui s'est recréé tout un univers imaginaire, ce « Paradis inhabité » dans lequel les contes prennent vie, les licornes sortent des tableaux la nuit et les cagibis noirs deviennent le lieu d'une évasion propice au rêve…
Adri observe le monde des « Géants » avec le recul d'un enfant qui sait qu'il n'y a pas sa place, pas plus que dansle monde des enfants que lui propose l'école, qu'elle abhorre tout autant pour la bêtise de ses camarades que pour l'incongruité d'une discipline un peu ridicule qui se donne en spectacle.
Alors, en éternel décalage, elle se réfugie auprès des domestiques, les tendres et facondes Tata María et Isabel, qui lui ouvrent leur monde et lui offrent toute la hauteur de vue à laquelle elle aspire surce monde qui, sans l'être tout à fait, est pourtant le sien.
Alors que, malade et alitée, elle fait la rencontre de Gavrila, jeune garçon russe qui vit quelques étages au-dessus du sien, elle vit une véritable révélation : ce monde n'est plus seulement le sien, il existe des êtres qui peuvent partager ce paradis, pour tenter d'y habiter. Avec celui qu'elle ne tarde pas à nommer son « siamois», ce seront des rires, des échanges complices, des lectures partagées et une profondeur des sentiments qui, pourtant, ne pourront empêcher Adri de grandir et de se confronter au monde…
La poésie très aboutie de ce livre m'a énormément touchée. le monde imaginaire que se crée Adri est un véritable univers, qui tranche avec la dureté de la vie familiale et le contexte de la guerre civileespagnole, qu'Adri ne perçoit que comme un lointain écho. Il y est beaucoup question d'obscurité, d'enfermement et de déchirement (les thèmes de la maladie, du noir ou de la clé reviennent de façon récurrente) mais ces pages sont pourtant d'une grande luminosité. Les personnages y sont très finement décrits, mais jamais aucun mot n'est de trop. La langue est superbe, et l'on perçoit nettement, au fil...
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